Article écrit par Thierry Blain, Formateur pour Ostéo-Formations.
Cette pratique mondiale et ancestrale ne cesse d’évoluer grâce aux praticiens dans leur quête de soulager leurs patients et améliorer leur état trophique de la structure concernée.
Les effets thérapeutiques de la vacuothérapie et l’utilisation des ventouses sont aujourd’hui bien connus : antalgie, relâchement musculaire, réflexe, et bien d’autres encore. Les praticiens utilisant la technique des ventouses et parmi eux les ostéopathes qui sont de plus en plus intéressés, ont compris et ont mis en évidence le travail sur les fascias.
En effet, que ce soit manuellement, lors d’un palper rouler, ou lors du massage à la ventouse, les modifications de glissement de la ventouse sur la peau mettent en évidence les fibroses, les rétractions tissulaires sous-jacentes que le praticien peut mettre également en évidence par sa palpation directe.
Mais plus encore : le massage à la ventouse sur la peau, qui ne s’adresse pas uniquement à la peau, puisque celle-ci est en relation intime avec les structures sous-jacentes dont les aponévroses et les différents fascias. Selon la dépression effectuée, il est possible d’évaluer des zones plus ou moins profondes de fibrose tissulaire qu’il aurait été difficile parfois de détecter manuellement.
Cette utilisation spécifique des ventouses ou de tout outil de vacuothérapie permet aux praticiens d’évaluer une zone géographique très large chez leurs patients à la recherche de cause de douleur à distance.
Par exemple, beaucoup de personnes souffrent de la région lombaire et plus particulièrement des étages L4 L5 S1. Cette zone hyper sollicitée, finit par dégénérer puis faire souffrir son propriétaire. Si vous massez la région lombaire avec une ventouse, vous observez que la région la plus adhérente sous la ventouse, c’est-à-dire la zone de fibrose, n’est pas L5-S1, mais plutôt les étages L1 L2 L3. La perte de souplesse et de mobilité de ces étages, risque d’être compensée par les étages inférieurs L4 L5 S1, qui eux vont devenir symptomatiques. Dans l’ensemble de notre traitement, il conviendra d’aller traiter les étages responsables plutôt que les étages victimes.
En effet, bien que la pose de ventouses, même à dépression faible, améliore la trophicité des tissus sous-jacents, l’objectif et la recherche permanente du praticien sont de déterminer les causes des douleurs. En effet, nous pouvons mettre en évidence des restrictions tissulaires dans une zone capable possiblement d’imposer, au corps ou un segment de membre, une compensation par hyper mobilité ou au contraire par un spasme musculaire de protection.
Quelle est la différence entre des fibres musculaires et des fibres conjonctives lorsque l’on effectue un massage à la ventouse ?
Les fibres musculaires sont des fibres élastiques. Si on les étire, elles garderont cependant une élasticité quelque soit l’amplitude du segment de membres. Même si cette élasticité tend à diminuer en fin d’amplitude.
Concernant le tissu conjonctif, la situation est totalement différente. Le tissu conjonctif souvent imbriqué avec les fibres musculaires, possède une élasticité toute différente. Lors de la mobilisation vers l’étirement, le tissu conjonctif va accepter une certaine déformation, puis sa résistance à l’étirement sera franche et nette. Comme lorsque vous étirer les fibres d’un T-shirt en coton. En effet, il est au début possible de déformer le tissu, puis cela devient impossible sous peine de déchirer les fibres du coton. Pour les personnes pratiquant les techniques d’étirements ou d’auto-étirements, cette sensation dans le corps est très similaire.
Donc pour résumer, l’utilisation d’outils de vacuothérapie en mobilisation sur la peau va mettre en évidence des zones de fibrose conjonctive que l’on pourra ensuite traiter avec la technique de notre choix. La technique des ventouses permet elle aussi de traiter ce tissu conjonctif des aponévroses des tendons et du fascia.
Selon quelles modalités ?
Nous utiliserons toujours, dans ce cadre, la technique des ventouses en massage mobilisation. Après avoir appliqué une huile végétale sur le corps, je choisis le degré de dépression en fonction du niveau tissulaire recherché. Il suffira de mobiliser la ventouse avec lenteur sans jamais créer de douleur pour le patient. En effet, les tissus, et le tissu conjonctif en particulier, ne peuvent pas se modifier rapidement. Si l’on mobilise la ventouse rapidement ce n’est pas au tissu conjonctif sous-jacent que l’on va s’adresser mais à la peau avec une réaction cutanée excessive.
Une autre modalité d’application est également possible :
Nous venons de voir que pour traiter du tissu conjonctif, il est possible d’utiliser le massage à la ventouse en choisissant bien son degré de dépression. Massage lent, respectant les fibroses et adhérences.
Mais il est également possible de faire un travail sur ce tissu conjonctif avec une participation du patient. Par exemple, il est possible de poser une ventouse sur la charnière cervico-thoracique, puis de demander au patient d’effectuer des mouvements lents de rotation de la tête de la droite vers la gauche. Ce faisant, le patient va ressentir les restrictions, si elles existent, de ses fascias cervicaux. Deux possibilités s’offrent alors pour améliorer la situation :
- Soit le patient alterne les rotations droite et gauche, de manière à travailler en mise en tension puis relâchement.
- Soit, le patient exerce une rotation mettant en évidence la rétraction unilatérale de ses aponévrose cervicales, et tout en étant infra douloureux, il pourra, lors de l’expiration gagner dans la rotation limitée.
Ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres sur l’utilisation raisonnée de la technique des ventouses.
Confraternellement,
Thierry BLAIN
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