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Une formation en ventouses est elle vraiment nécessaire ?

Par Thierry BLAIN.

Thierry BLAIN

Bien que cette technique ait failli disparaître il y a quelques années, on trouve aujourd’hui dans la plupart des cabinets de kinésithérapie et d’ostéopathie cet outil simple et bon marché.

 

Son utilisation peut être cependant limitée ou au contraire d’une grande précision et spécifique des tissus que l’on souhaite traiter. Qu’il s’agisse de muscles, de tendons, de ligaments ou d’aponévroses, l’utilisation des ventouses n’est alors pas la même.

 

Comme moi surement, vous n’avez pas lu le mode d’emploi de votre ordinateur, de vos logiciels, ou de votre télévision. Comme moi donc vous n’utilisez qu’une toute petite possibilité de tous ces appareils. Il en est de même pour les ventouses. Bien sûr, leur utilisation paraît au premier abord simple. Mais ne vous y trompez pas, les possibilités sont bien plus vastes que nous ne le pensez peut-être.

D’autre part, même si les ventouses sont utilisées par le plus grand nombre, cela n’exclut pas des effets indésirables et des inconvénients possible pour votre patient.

 

Je souhaite donc partager avec vous ces différents points.

 

Pour ma part, j’ai rencontré la technique des ventouses dès mon jeune âge, lorsque ma mère posait 6 ventouses sur le dos de mon père quand il était malade et qu’il toussait.

De notre côté, nous les enfants, avions droit aux cataplasmes de moutarde qui avaient le même objectif : c’est-dire créer une révulsion.

 

Par la suite et après mes études en kinésithérapie, j’ai suivi une formation en massage et médecine chinoise. Lors de cette formation, j’ai été très vite confronté à la technique des ventouses, dans le but de soulager rapidement nos premiers patients. Bien que cette technique était appliquée sur des points du corps décrits par les chinois, il n’en reste pas moins qu’elle était déjà très efficace.

 

De retour à mon cabinet de kiné, j’ai cherché à comprendre ce qu’il se passait d’un point de vu physiologique lors de la pose de ventouses. Mes différentes lectures et formations m’ont amené à prendre en compte ce qu’il se passait dans les différentes couches du corps humain depuis la surface jusqu’à la profondeur. Nous savons aujourd’hui, entre autre grâce aux travaux du Dr Guimberteau et à ses formidables vidéos, que ces différentes couches sont toutes en inter-relation et que le liant de tout ces systèmes est bel et bien le tissu conjonctif. Tissu à l’origine de beaucoup de troubles rencontrés par nos patients en kinésithérapie. J’ai alors compris que la technique des ventouses – selon la méthode utilisée – permettait de travailler telle ou telle couche des tissus de mes patients. Bien évidement, il ne s’agit pas de poser des ventouses, d’aspirer fort et de laisser son patient mijoter 20 minutes. En appliquant  la technique des ventouses dans notre cadre professionnel para-médical, j’ai pu développer une approche thérapeutique élaborée ne se limitant pas à créer une révulsion thérapeutique ou pas.

 

Rapidement après mon D.E.(1986), j’ai été sollicité pour travailler dans le sport professionnel (football) et j’ai donc assez naturellement commencé à utiliser mes ventouses, qui à l’époque étaient étrangères au monde médical. Les choses ont bien changées depuis que Michael Phelps, bardé de traces de ventouses, ait remporté huit médailles aux J.O. en 2012.

 

À ma grande surprise, et sûrement grâce à son efficacité, seul critère recherché par les sportifs, ils sont devenus les patients le plus en demande par rapport à cette outils thérapeutique.

Je vous parle alors des années 90. Aujourd’hui, la plupart des clubs et structures sportives professionnelles utilisent cet outil. Certains sportifs achètent même leurs propres ventouses pour se traiter eux-mêmes.

 

Cependant, cette apparente simplicité n’en n’ait pas moins trompeuse. Enseignant cette techniques depuis 2002, je suis régulièrement sollicité par des collègues un peut effrayé par la ou les réactions qu’ils ont provoquées sur leurs patients.

Pour ma part, je considère que cet adjuvant thérapeutique doit être utilisé en connaissance de cause et maîtrisé de bout en bout. Poser simplement une ventouse sur une zone douloureuse, n’est pas pour moi un acte thérapeutique logique en rapport avec les connaissances médicales actuelles.

Il est important de savoir sur quel tissu nous souhaitons travailler et avec quel objectif.

Souhaitons-nous travailler sur un muscle, un ligament, une aponévrose, un tendon ? Souhaitons-nous travailler en dynamique ou en statique et pourquoi ?

À quel niveau de profondeur se trouve le tissu auquel nous nous adressons ? Certaines zones sont-elles contre indiquées à la pose ? Le temps de pose est-il toujours le même ? Mon patient se trouve-t-il dans une phase inflammatoire générale, locale ? Si je travaille sur une cicatrice, n’ai-je pas le risque d’augmenter son activité et en faire une chéloïde ?

 

Voilà beaucoup de questions qu’il est nécessaire se poser si l’on veut que cette technique soit réellement en phase notre profession para -médicale. Dans le cas, contraire, il est possible de donner raison aux personnes qui n’ayant aucune expérience de cette technique, la jugent archaïque.

 

Il s’agit pourtant d’un adjuvant thérapeutique efficace au quotidien entrant dans le champ de compétence de la profession de kinésithérapeute (Article R4321-3). Il permet également en tant que prolongement de notre main, d’économiser nos propres articulations lors du massage.

 

Donc pour répondre la question : « une formation est-elle nécessaire pour apprendre la technique des ventouses ? » La réponse est oui si l’on souhaite les utiliser dans un contexte médical et ne pas se limiter à poser des ventouses sur la peau. Dans ce cas, on parle alors de technique des ventouses et non pas de pose de ventouses.

Je reste à votre disposition pour tout informations concernant cette approche thérapeutique.

Thierry Blain

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