Par Patrice SAPHY, Formateur Jones certifié
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Qui était le Dr Jones ?
Un médecin ostéopathe qui exerçait en milieu rural en utilisant au départ surtout des techniques structurelles (HVLA).
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Différence entre Tender Point et Trigger Point
Le Trigger Point est une sous classe (musculaire) des Tender Points qui peuvent être en relation avec d’autres tissus (osseux, ligamentaire, vasculaire, nerveux, viscéral).
Un trigger est traité directement, alors que lorsqu’on traite un TP, on traite la dysfonction qu’il représente.
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La physiologie décrite par Irvin Korr est dépassée aujourd’hui ?
Oui, maintenant on sait que les TP de Jones sont en fait relatifs à tous les systèmes fasciaux, et non seulement au musculo squelettique. La physiologie évoquée aujourd’hui est davantage en rapport avec la boucle sensori motrice classique à partir de récepteurs nerveux disséminés dans le fascia (pas simplement les FNM) et entrainant notamment des contractures musculosquelettiques de surface.
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Est-ce qu’on doit appuyer fort pour tester un TP ?
Non, simplement suffisamment pour entrainer une réponse douloureuse là où il ne devrait pas y en avoir.
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Doit-on maintenir la pression du doigt au cours de la technique ?
Surtout pas ! La pression du doigt est un moyen à la fois de diagnostic et d’évaluation de la qualité de la technique engagée (Feed back). Si on maintient la pression, on augmente la proprioception locale et cela empêche les tissus de se détendre. Il existe 3 moments où on APPUIE au cours de la séquence de traitement, sinon c’est un simple CONTACT avec le TP.
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Comment faire si on ne peut pas mettre le sujet dans la position de confort qu’exige la technique (trop douloureux, femme enceinte, …) ?
On fait avec ce que nous donne le patient, soit en n’allant pas jusqu’à l’amplitude optimale que demanderait a priori la technique (respect de la non douleur), soit en s’adaptant à la situation en fonction de la mobilité de chacun. Le tout est de respecter les paramètres généraux qu’exigent une détente locale. Et d’obtenir le maximum de confort possible.
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Est-ce qu’il faut refaire la technique si elle n’a pas marché ?
Il existe plusieurs raisons qui peuvent expliquer l’échec d’une technique au cours d’un soin. Le fait de ne pas avoir respecté une bonne séquence de traitement, notamment dans le choix des TP à traiter (il existe peut-être juste à côté du TP qu’on vient de traiter un TP qui était plus important et relance la douleur). La technique a pu effectivement être mal faite, avec un MP non trouvé. Dans ces cas, un traitement plus précis sera alors re proposé.
Parfois cela peut être dû au fait que le patient soit « fibromyalgique » et donc douloureux malgré un bon MP. Dans ce cas, se faire confiance et poursuivre le traitement avec d’autres points.
De plus, on retiendra que si un TP revient d’une séance à l’autre c’est qu’il y avait un pb soit sur la séquence de traitement, soit sur la réalisation de la technique. Un TP ne doit jamais être traité trois fois sur trois séances différentes, sinon revoir le raisonnement.
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Au bout de combien de temps peut-on revoir le patient ? (posologie)
C’est du cas par cas. Prendre en considération qu’il faut laisser le temps au système de s’auto réguler, decicatriser (minimum 3 jours).
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Après des techniques de Counterstrain, peut-on faire des étirements ou des exercices physiques ?
Pour les mêmes raisons que précédemment il vaut mieux laisser faire le système et ensuite, lors d’un autre soin, on pourra proposer quelque chose de plus actif si nécessaire. C’est d’ailleurs souvent le cas dans une idée de stabilisation.Souligner l’importance de l’éducation thérapeutique et de l’autonomisation du patient, comme dans chaque technique.
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Comment expliquer au patient ce qu’on fait ? Qu’on est efficace alors qu’il ne ressent rien et qu’il a l’impression que rien ne se passe ?
Pour soigner quelqu’un il n’y a pas forcément besoin de l’« agresser »… Quand on va dans le sens des tissus en écoutant bien ce qu’ils demandent, ce dont ils ont besoin, et en respectant la douleur, on se rend compte qu’on obtient aussi de bons résultats. Cela demande par contre au thérapeute d’être très précis et très concentré sur ce qu’il fait.
C’est le principe des techniques indirectes dont le Counterstrain fait partie.
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Cela fait quand-même beaucoup de points et de techniques à apprendre ?
Effectivement cela demande un minimum d’investissement mais quand on connait bien l’anatomie et qu’on a ressenti une fois pour toutes ce qu’est une position de détente, un MP, notamment grâce à ce qu’on appelle un « pouls thérapeutique », la simple logique anatomique fait que tout devient plus simple et s’appréhende plus facilement.
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Après un traitement, est-ce qu’il existe des conseils à donner ?
Oui et de deux sortes. Premièrement suggérer au patient de rester tranquille durant les 3 jours suivants (éviter les efforts physiques, boire régulièrement un verre d’eau, se reposer si c’est possible, prendre un bain chaud, se mouvoir tranquillement…). Deuxièmement, il est possible aussi, et même recommandé, de réaliser une forme d’auto-traitement en essayant de reproduire une ou deux postures de confort vue lors du traitement pour le poursuivre chez soi. Prendre le temps nécessaire de GUERISON.
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Est-ce que le Counterstrain soigne tout et quelles sont limites ?
Le Counterstrain, pas plus que n’importe quelle technique, ne soigne tout. Plus qu’une technique, c’est une approche thérapeutique ostéopathique qui se base sur une vision globale du corps et de la santé. Un bon examen (scan diagnostique spécifique) suivi d’une bonne séquence de traitement amènera de très bons résultats pour autant que ceux-ci seront menés dans les règles de l’art et attentivement.
Les limites sont les mêmes que pour tout autre type de traitement manuel : respect du patient (des objectifs fixés avec lui, de son anatomie, …), qualités du thérapeute, contexte global, observance par le patient des différents conseils, respect de l’auto traitement complémentaire …
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Pourquoi 90 secondes et pas moins ou pas plus ?
Le Counterstrain est né empiriquement d’observations cliniques et a été éprouvé sur des milliers de patients par le Dr Jones. Il s’est rendu compte que 90 secondes était le temps idéal de positionnement nécessaire. En dessous, certaines dysfonctions restaient actives, et au-delà, il ne notait pas d’améliorations particulières.
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Comment organiser une prise en charge Jones au cabinet ?
Les recommandations sont de réaliser un SCAN (procédure palpatoire précise et immuable qui va donner le diagnostic sur le corps entier) en première séance afin de corréler ce scan à notre anamnèse etc… puis de traiter 9 points sur 3 zones chaudes. Avec l’expérience cela prend 30 minutes. Lors de la séance suivante vous pouvez vous contenter de retester les points traités grâce à un demi-scan avant de travailler sur de nouveaux points si besoin.
Les formations Jones commencent souvent par le E-learning gratuit (sur Kiné-Formations) puis par le Jones Classic pour ensuite s’orienter vers le crânien mais en tant qu’ostéopathe, vous pouvez commencer directement par l’introduction aux fascias
Différents articles évoquent la technique et ses applications, ainsi que des retours d’expérience de praticiens