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La clé pour prévenir les troubles musculo-squelettiques des kinésithérapeutes et ostéopathes

Par Thierry Blain

Thierry BLAIN

Pourquoi je me permets de parler de ce sujet ?

Kinésithérapeute depuis 34 ans, j’ai été confronté comme tout un chacun à cette question. Notre temps de travail hebdomadaire est très long et notre métier demande une disponibilité physique et psychologique importante.

Malgré toutes ces années d’exercice tant en cabinet qu’en structure professionnelle sportive, je n’ai à ce jour aucune douleur musculo-squelettique. Je suis loin d’être un athlète (57 kg pour 1,68m) et j’ai suivi pendant une quinzaine d’années des équipes de football tant en France que sur le continent africain et lors de coupes du monde. Tout ceci en plus de mon cabinet.

 

Bien que j’ai une hygiène de vie plutôt saine, la cause de mon état physique à 57 ans (toujours en exercice) ne réside pas dans ce facteur. Bien sûr, je considère que mon alimentation doit rester saine autant que possible mais tout ne repose pas sur ce point.

 

Le secret m’a été donné par l’un de mes enseignants alors que j’étais encore jeune kinésithérapeute. Il s’agit de Jean-François T. Celles et ceux qui ont eu la chance de le rencontrer le reconnaîtront.

 

La clé se trouve dans la hauteur de la table sur laquelle nous travaillons.

 

Lorsque j’ai débuté dans la profession, nous n’avions que très rarement des tables électriques. La plupart des tables étaient fixes à une hauteur de 65 – 70 cm environ. Si vous travaillez sur ce genre de table et que vous mesurez 1,90, c’est parfait. Encore faut-il qu’elle soit réglable. Cependant, avec mon petit 1,68m, si j’avais continué avec ce genre de table, j’aurais aujourd’hui des douleurs de dos, de coude et d’épaule au minimum. Mon travail deviendrait donc pénible et je ne pourrait pas m’occuper sérieusement et avec plaisir de mes patients.

 

Pourquoi la hauteur de la table est-elle si déterminante ?

 

Notre travail est physique et nous devons souvent exercer une force sur l’un des segments de notre patient, et parfois lui résister lors d’exercices de rééducation.

Si nous utilisons la force de nos bras et de notre dos pour cela, l’usure sera nécessairement prématurée. Je suis d’ailleurs très surpris de découvrir, lors des formations que j’anime en plus de mon cabinet, le grand nombre de nos collègues jeunes, souffrir de ces troubles. Je m’inquiète pour leur fin de carrière. Si à 25 ou 30 ans ils ont déjà ce type de douleurs, qu’en sera-t-il à 65 ans ou plus en fonction de l’âge futur de leur retraite ?

 

Notre métier est un sport

 

Notre métier est donc comparable à l’exercice d’un sport mais pratiqué souvent 10 à 12 heures par jour. Si vous observez les conseils d’un professeur de tennis, de judo, de football, bref de tous les sports, il vous dira que votre geste doit partir du centre de votre corps et non d’une extrémité. Pour shooter puissamment dans un ballon, il faut que tout le corps se meuve à partir de votre bassin. Pour frapper dans une balle de tennis avec une raquette, il faut que tout votre corps se mobilise à partir de votre centre de gravité. De cette manière le geste est puissant et précis et peut être répété des milliers de fois.

Il en est de même pour notre métier. La force doit venir de notre bassin et non de nos doigts, de nos épaules ou de notre dos.

Malheureusement, cette compréhension ne fait pas partie de notre formation. De ce fait, nous travaillons avec des tables trop hautes alors qu’aujourd’hui la plupart des cabinets sont dotés de tables électriques – lesquelles ne sont pas utilisées à bon escient.

 

L’ergonomie au travail est aussi valable pour les masseurs-kinésithérapeutes.

Nous sommes les premiers à donner de bons conseils à nos patients pour qu’ils règlent correctement la hauteur de leur plan de travail, de leur clavier et surtout de leurs écrans, et nous oublions d’en faire de même pour la hauteur de notre table.

 

Concrètement : 

Il suffit donc de s’exercer à travailler avec une table plus basse que votre centre de gravité, c’est-à-dire en-dessous de votre symphyse pubienne. Au début cela vous paraîtra surprenant mais vous allez donc utiliser la force de vos cuisses plutôt que celle du dos ou des épaules. Dans notre corps, la force vient des membres inférieurs et du bassin et la finesse des membres supérieurs. Donc soyons logiques et utilisons la force de nos cuisses pour protéger le haut du corps.

 

Par cette nouvelle attitude, vous allez aussi découvrir que travailler avec les muscles longs des membres supérieurs est une erreur fatale. C’est comme essayer d’envoyer une balle de tennis avec la force du poignet. Il est donc préférable d’utiliser les muscles inter-osseux des mains qui deviennent alors des transmetteurs de la force de votre corps.

 

Les avantages sont nombreux

En plus de diminuer la sollicitation mécanique de vos membres supérieurs, vous augmenterez leur sensibilité palpatoire. En effet, il est difficile pour nous d’agir et de sentir en même temps. Avec un patient en-dessous de notre centre de gravité et des mains inter-osseuses, la force exercée est toujours adaptée car non coupée des sensations proprioceptives de nos mains.

Du côté patient, la sensation n’en sera que plus agréable et le geste plus thérapeutique. 

 

Voici quelques conseils pratiques non exhaustifs issus de ma pratique professionnelle que je partage volontiers avec mes collègues.

 

Si vous aussi vous avez des astuces d’ergonomie et d’efficacité thérapeutique, n’hésitez pas à les partager avec nous.

 

Thierry Blain

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